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L’équipe du ministère public de la Tanzanie démantèle l’une des plus grandes opérations de contrebande d’ivoire d’Afrique

Paul Kadushi

Paul Kadushi

directeur de la Confiscation des avoirs, Division de la criminalité transnationale et spécialisée, Service national des poursuites judiciaires, République-Unie de Tanzanie

Paul Kadushi est directeur de la Confiscation des avoirs à la Division de la criminalité transnationale et spécialisée du Service national des poursuites judiciaires de la République-Unie de Tanzanie. Dans ce rôle, il supervise les poursuites judiciaires contre toute la criminalité transnationale organisée de Tanzanie, notamment les trafics d’espèces sauvages et de narcotiques et la traite d’êtres humains. En outre, il est chef du Département des poursuites judiciaires du Groupe de travail national de lutte contre le braconnage (NTAP), un groupe de travail multi-agences qui apporte une riposte unifiée des forces de l’ordre pour dissuader la criminalité liée aux espèces sauvages en Tanzanie. 

Le directeur Kadushi a joué un rôle essentiel dans les poursuites judiciaires des auteurs de délits liés aux espèces sauvages et de la criminalité organisée dans toute la Tanzanie. Le directeur Kadushi a été le procureur principal dans une affaire de trafic très médiatisée, dans laquelle un trafiquant d’ivoire notoire, connu sous le nom de la « Reine de l’ivoire », a été reconnu coupable de la contrebande des défenses de plus de 350 éléphants. Les 860 pièces d’ivoire, apportées en contrebande en Asie sur une période de plusieurs années, pesaient près de 2 tonnes et valaient environ 13 milliards de shillings tanzaniens (5,6 millions USD). Lors de l’audience de condamnation, qui s’est achevée en 2019, la Reine de l’ivoire a reçu la peine maximale de 15 ans d’emprisonnement. Le directeur Kadushi a dirigé l’équipe du ministère public qui a coordonné une enquête complexe portant sur plusieurs délinquants de haut niveau, dont deux partenaires criminels. Chacun d’entre eux a été condamné à 15 ans de prison pour avoir dirigé un groupe criminel organisé. 

Le directeur Kadushi a participé à la session 64 d’ILEA Roswell, le colloque sur le pouvoir exécutif et le développement concernant la criminalité transnationale organisée : trafic d’espèces sauvages et loi type de juin 2018. Des praticiens de la justice pénale de Tanzanie, de Thaïlande, du Vietnam et de Zambie ont assisté à ce colloque inaugural sur le trafic d’espèces sauvages, enseigné par le US Fish and Wildlife Service (FWS). Sur les sept participants tanzaniens qui ont suivi cette formation ILEA, trois participaient aux poursuites judiciaires contre la Reine de l’ivoire. Outre le directeur Kadushi, les procureurs Wankyo Simon et Salimu Msemo ont joué un rôle déterminant dans l’obtention de condamnations dans l’affaire de la Reine de l’ivoire.

Le directeur Kadushi a souligné deux points à retenir du colloque sur le trafic d’espèces sauvages. Premièrement, il a avancé que la criminalité liée aux espèces sauvages doit être considérée comme une forme grave de criminalité organisée lors d’enquêtes et de poursuites judiciaires. Deuxièmement, il a noté que, comme pour d’autres types de criminalité transnationale organisée, la criminalité liée aux espèces sauvages est motivée par des opportunités de profit. En conséquence, les enquêtes financières jouent un rôle déterminant dans le démantèlement de ces groupes criminels organisés. « Les résultats de ces méthodes et techniques ont fourni des preuves clés qui ont conduit à la condamnation et à la peine maximale pour la Reine de l’ivoire, a-t-il remarqué. » Il a également souligné la valeur des connaissances pratiques partagées par les instructeurs du FWS, notamment à l’égard d’« Opération Crash », un effort en cours du FWS pour détecter, dissuader et poursuivre les personnes impliquées dans le trafic illégal de cornes de rhinocéros.

À la suite de l’audience de condamnation de la Reine de l’Ivoire, la Tanzanie a modifié ses lois pour augmenter la peine minimale pour les délits de trafic d’espèces sauvages à 20 ans. Cette peine de plus en plus sévère, ainsi que la récente série de condamnations, envoie un message clair voulant que les trafiquants d’espèces sauvages seront poursuivis dans toute la mesure de la loi. À la suite de la répression de la criminalité liée aux espèces sauvages, le directeur Kadushi a noté que la Tanzanie avait déjà enregistré des résultats positifs, notamment la reprise de l’augmentation des populations d’éléphants.